Améliorer la prise en charge des douleurs à l’épaule : recommandations actuelles

 

Aujourd’hui, je vais partager avec vous les recommandations actuelles en matière de prise en charge des diverses problématiques courantes de l’épaule, afin d’améliorer les pratiques cliniques relatives aux douleurs à cette articulation. Si vous souffrez de douleurs à l’épaule, prenez rendez-vous ici: réduire sa douleur.

Introduction : Un Problème Commun

Les douleurs à l’épaule sont une plainte fréquente dans les milieux de soins primaires et spécialisés. Elles touchent jusqu’à 55 % des adultes à un moment donné de leur vie, engendrant une perte de fonction significative et un fardeau économique considérable. Par conséquent, une gestion efficace de ces douleurs est cruciale pour améliorer les résultats cliniques et la qualité de vie des patients. Parmi ces patients, la moitié continue de ressentir des symptômes six mois après leur première consultation en soins primaires. Ces douleurs entraînent une perte de fonction significative et ont un impact financier considérable sur le système de santé ainsi que sur la productivité. Par conséquent, une prise en charge basée sur des données probantes est essentielle pour optimiser les résultats cliniques.

Évaluation Complète des Douleurs à l’Épaule

Une évaluation approfondie est la pierre angulaire de la prise en charge des douleurs à l’épaule. Elle implique un examen subjectif détaillé pour recueillir des antécédents médicaux pertinents et un examen objectif pour évaluer les symptômes, la mobilité articulaire, la force musculaire et les signes cliniques spécifiques. L’identification des drapeaux rouges et jaunes est également cruciale pour orienter la prise en charge.

Drapeaux Rouges et Jaunes dans l’Évaluation des Douleurs à l’Épaule

Les drapeaux rouges signalent des problèmes nécessitant une référence médicale immédiate, tels que des déformations suspectes ou des déficits moteurs inexpliqués. Les drapeaux jaunes indiquent des facteurs psychosociaux liés au pronostic, tels que la détresse psychologique ou les facteurs liés au travail. Ces éléments doivent être pris en compte lors de l’évaluation initiale des douleurs à l’épaule.

 

Prise en Charge des Principales Pathologies de l’Épaule

La prise en charge des principales pathologies de l’épaule repose sur une approche holistique et individualisée, visant à améliorer la fonctionnalité et à soulager la douleur des patients. Parmi ces pathologies, la tendinopathie de la coiffe des rotateurs, la déchirure transfixiante de la coiffe des rotateurs, la capsulite rétractile et l’instabilité gléno-humérale antérieure sont les plus courantes et nécessitent une attention particulière. Pour chaque condition, les recommandations actuelles mettent l’accent sur une combinaison de rééducation musculaire, de thérapies non invasives et, dans certains cas, de procédures chirurgicales. Une évaluation précise du diagnostic et une prise en charge thérapeutique appropriée sont essentielles pour assurer des résultats optimaux et améliorer la qualité de vie des patients souffrant de douleurs à l’épaule.

Tendinopathie de la coiffe

Parmi les pathologies les plus courantes de l’épaule, la tendinopathie de la coiffe des rotateurs est prédominante. Elle représente entre 65 et 85 % des cas de douleurs à l’épaule. Cette affection, caractérisée par un continuum de lésions allant de la tendinose à la déchirure partielle de la coiffe des rotateurs, nécessite une approche thérapeutique individualisée. La gestion de la tendinopathie de la coiffe des rotateurs repose souvent sur des approches similaires, telles que la rééducation musculaire, les injections intra-articulaires et, dans certains cas, la chirurgie.

Diagnostic de la Tendinopathie de la Coiffe des Rotateurs

Dans le diagnostic de la tendinopathie de la coiffe des rotateurs en physiothérapie, il est recommandé de passer par les différentes étapes d’évaluation. Certains auteurs ont identifié des tests spécifiques, tels que l’arc douloureux, le test de Hawkins-Kennedy et le test de l’infra-épineux, qui peuvent fournir des indications quant à la présence de la pathologie. Ces tests peuvent être des outils précieux pour aider à confirmer le diagnostic de tendinopathie de la coiffe des rotateurs.

Approches Thérapeutiques

En ce qui concerne la prise en charge médicamenteuse, l’acétaminophène et les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) sont recommandés, mais il est essentiel de prendre en considération les contre-indications du patient. Les infiltrations de corticostéroïdes ne sont pas recommandées en première intention, mais peuvent être utilisées si la douleur persiste malgré les autres traitements. Cependant, après deux infiltrations sans amélioration significative, une infiltration additionnelle n’est pas recommandée.

Pour la prise en charge en réadaptation, l’éducation du patient revêt une importance primordiale. Cela peut inclure des informations sur l’anatomie de l’épaule, la neurophysiologie de la douleur, la modification des activités, la gestion de la douleur, la gestion du stress et l’importance d’un mode de vie actif. En physiothérapie, un programme de réadaptation actif est recommandé, comprenant des exercices de mobilité articulaire, de contrôle moteur, de renforcement et d’endurance. La thérapie manuelle peut également être bénéfique pour soulager la douleur et améliorer la fonction, idéalement combinée à un traitement actif. Cependant, l’électrothérapie n’est généralement pas recommandée dans la prise en charge de la tendinopathie de la coiffe des rotateurs.

La Déchirure Transfixiante de la Coiffe des Rotateurs

Une déchirure transfixiante de la coiffe des rotateurs est une lésion grave de l’épaule qui affecte les tendons de la coiffe des rotateurs. Contrairement à une simple tendinopathie où les tendons sont endommagés mais pas entièrement rompus, une déchirure transfixiante implique une rupture complète des tendons, souvent au niveau de leur insertion sur l’humérus.

Diagnostic de la Déchirure Transfixiante de la Coiffe des Rotateurs

La déchirure transfixiante ou déchirure complète de la coiffe des rotateurs nécessite une évaluation diagnostique précise pour guider une prise en charge appropriée. Les symptômes caractéristiques tels qu’une faiblesse en rotation externe et des douleurs nocturnes chez les patients de plus de 65 ans peuvent soulever des soupçons quant à cette pathologie. Cependant, un résultat négatif à ces tests ne permet pas d’exclure la présence d’une déchirure transfixiante.

Pour confirmer le diagnostic, une imagerie diagnostique, telle que l’imagerie par résonance magnétique (IRM) ou l’échographie, est souvent nécessaire. En cas de confirmation de la déchirure transfixiante, une référence à un orthopédiste est recommandée pour une évaluation chirurgicale. La rapidité de cette référence est cruciale pour assurer une prise en charge optimale et prévenir d’éventuelles complications.

Approches Thérapeutiques

En termes de traitement, les recommandations médicamenteuses sont similaires à celles de la tendinopathie de la coiffe des rotateurs, mais les infiltrations intra-articulaires de corticostéroïdes ne sont pas recommandées en première intention. L’éducation du patient et un programme de réadaptation active sont également essentiels pour favoriser la récupération et améliorer les résultats cliniques.

La Capsulite Rétractile : État des Lieux

La capsulite rétractile, également connue sous le nom d’épaule gelée, est une condition douloureuse et invalidante caractérisée par une raideur articulaire progressive de l’épaule. Cette affection se présente souvent en plusieurs phases, avec une douleur initiale qui évolue vers une raideur articulaire sévère.  Son diagnostic est clinique, nécessitant une évaluation minutieuse de la mobilité articulaire et l’exclusion d’autres pathologies. L’imagerie médicale peut être controversée, mais les infiltrations intra-articulaires de cortico-stéroïdes sont préconisées précocement pour limiter la perte de mobilité.

Diagnostic de la la capsulite rétractile

La capsulite rétractile, communément appelée épaule gelée, présente un processus diagnostique complexe en raison de sa présentation clinique progressive et multifactorielle. Initialement, le diagnostic repose sur l’anamnèse du patient, où une histoire de douleur progressive et de raideur articulaire, souvent aggravée par des mouvements spécifiques, est caractéristique. L’examen clinique révèle généralement une diminution progressive de la mobilité articulaire, en particulier dans les mouvements d’abduction et de rotation externe. Cependant, il n’y a pas de tests spécifiques pour confirmer le diagnostic de capsulite rétractile, ce qui rend l’évaluation clinique et l’exclusion des autres pathologies essentielles. Les critères de diagnostic comprennent souvent une combinaison de symptômes cliniques, d’examens radiologiques pour exclure d’autres causes de douleur à l’épaule, et parfois des évaluations arthrographiques ou par imagerie par résonance magnétique (IRM) pour confirmer la présence d’une inflammation et d’une fibrose capsulaires. La capsulite rétractile étant souvent associée à des facteurs de risque tels que le diabète ou des antécédents de traumatisme, une évaluation complète de ces facteurs est également nécessaire pour un diagnostic précis. En intégrant ces différentes modalités d’évaluation, les cliniciens peuvent parvenir à un diagnostic différentiel précis et élaborer un plan de prise en charge adapté pour traiter efficacement la capsulite rétractile.

Approches Thérapeutiques

Pour la capsulite rétractile, les traitements médicaux recommandés incluent l’analgésie avec de l’acétaminophène et des anti-inflammatoires non-stéroïdiens oraux. Les infiltrations de cortico-stéroïdes intra-articulaires sont préconisées précocement pour limiter la perte de mobilité. La physiothérapie, comprenant l’éducation du patient, des exercices supervisés et de la mobilité à domicile, ainsi que la thérapie manuelle, peut être bénéfique. L’accent est mis sur l’éducation du patient et la gestion de cette pathologie, qui a une évolution naturelle sur deux ans. Pour aller plus loin dans la compréhension de cette pathologie, suivez ce lien : Les Secrets de l’épaule gelée.

L’Instabilité Gléno-Humérale Antérieure

L’instabilité gléno-humérale antérieure est une condition caractérisée par un déplacement excessif de la tête humérale par rapport à la cavité glénoïde de l’omoplate dans la direction antérieure. Cette forme d’instabilité articulaire est la plus fréquente, représentant jusqu’à 95 % de toutes les instabilités gléno-humérales. Elle survient le plus souvent suite à une luxation traumatique de l’épaule, où la tête humérale est forcée hors de sa position normale.

L’instabilité gléno-humérale antérieure est la luxation la plus fréquente de l’articulation, représentant 45 % de toutes les luxations corporelles. La récurrence de la luxation antérieure est courante, notamment chez les hommes de moins de 40 ans présentant une hyperlaxité. Une imagerie diagnostique est recommandée après une première luxation traumatique ou en cas de luxation récurrente pour identifier les patients nécessitant une intervention chirurgicale.

Diagnostic de l’instabilité gléno-humérale antérieure

Le diagnostic de l’instabilité gléno-humérale antérieure (IGHA) nécessite une évaluation approfondie incluant les antécédents médicaux du patient, les circonstances de l’apparition des symptômes et les épisodes antérieurs de luxation ou de subluxation de l’épaule. L’examen clinique est crucial pour évaluer la stabilité de l’articulation et comprend des tests spécifiques visant à détecter la laxité articulaire et à reproduire les symptômes du patient. Les tests de provocation tels que le test de l’appréhension et le test de l’infra-épineux peuvent être utilisés pour évaluer la laxité antérieure de l’épaule et déclencher une sensation d’instabilité chez le patient. L’imagerie diagnostique, telle que la radiographie, l’IRM ou l’échographie, peut être utilisée pour évaluer l’anatomie de l’épaule, rechercher des lésions osseuses ou ligamentaires et confirmer le diagnostic d’IGHA. Les caractéristiques radiographiques telles que l’empreinte osseuse de Hill-Sachs et la perte de la concavité glénoïdale peuvent indiquer une instabilité chronique de l’épaule. En intégrant ces différentes modalités diagnostiques, les cliniciens peuvent établir un diagnostic précis d’IGHA et élaborer un plan de traitement approprié pour répondre aux besoins spécifiques du patient.

Approches Thérapeutiques

Pour l’instabilité gléno-humérale antérieure, l’éducation du patient est primordiale, accompagnée d’une prise en charge médicale pour la douleur. En cas de proximité avec le traumatisme, une immobilisation peut être suggérée, avec un programme de réadaptation actif pour favoriser la récupération. L’accent est mis sur la prévention de nouvelles luxations et des lésions osseuses graves.

Conclusion

En résumé, lors de l’évaluation clinique initiale des problèmes d’épaule, il est recommandé d’examiner les antécédents médicaux, l’historique de la blessure et de procéder à une évaluation subjective et objective. Dans la plupart des cas, l’imagerie diagnostique n’est pas recommandée en première intention, sauf en cas de traumatisme. De même, la référence pour une intervention chirurgicale n’est généralement pas recommandée en première intention. En ce qui concerne le traitement médical, l’utilisation d’acétaminophène et d’anti-inflammatoires non-stéroïdiens par voie orale est recommandée, tandis que les infiltrations de corticostéroïdes sont généralement évitées en première intention. Pour la prise en charge en physiothérapie, il est recommandé de fournir une éducation au patient, un traitement de physiothérapie et des exercices actifs.

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