Introduction
Bienvenue dans cet article où nous aborderons les différentes facettes des céphalées et des migraines. Les céphalées, qui incluent les migraines, sont des affections courantes qui touchent un pourcentage considérable de la population mondiale. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 56 % des personnes souffrent de céphalées, mais tous ne développent pas des céphalées chroniques quotidiennes. Certains ne connaîtront la maladie qu’une seule fois [1]. Les céphalées et les migraines sont des affections courantes qui peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie des individus. Cependant, elles sont souvent mal comprises et sous-estimées. Dans cet article, nous explorerons en détail ces affections, leur prévalence, leurs coûts économiques et les défis associés à leur diagnostic et à leur prise en charge.
Prévalence et impact économique des céphalées
Lorsqu’il s’agit de céphalées chroniques, définies comme plus de quinze épisodes par mois, la prévalence est d’environ 2,6 % de la population [2]. Cependant, les pourcentages varient entre 1 % et 4 % selon les études publiées. Ces affections représentent une part importante de la population et entraînent des coûts économiques en termes d’arrêt de travail [3].
En plus des coûts directs, il existe également des coûts indirects associés à ces affections, et les migraines en particulier sont responsables de coûts élevés. Les migraines sont parmi les types de céphalées les plus fréquents et provoquent généralement des douleurs plus intenses que les céphalées de tension, par exemple. Cependant, il est important de prendre en compte les céphalées de tension dans l’ensemble des affections [4].
Les défis de la compréhension des céphalées
Malheureusement, les céphalées ou maux de tête sont souvent mal comprises, tant sur le plan médical que social, et cela peut provenir à la fois des professionnels de santé et des patients eux-mêmes. Contrairement à une douleur au genou ou à la cheville qui entraîne une boiterie lors de la marche ou des activités, les céphalées sont invisibles et souvent mal comprises. De plus, les personnes souffrant de céphalées présentent souvent des signes associés tels qu’un ralentissement cognitif, des nausées, une photophobie, une sonophobie et des douleurs cervicales [5].
Ces signes sont souvent invisibles et peuvent entraîner une mauvaise communication et une mauvaise compréhension de la part des autres. Certains peuvent même remettre en question la réalité de la douleur ressentie par le patient, ce qui peut créer des attitudes cyniques. Le manque de connaissances et de représentation, à la fois culturelles et médicales, peut conduire à des traitements inappropriés. Il est bien connu que les patients souffrant de céphalées consultent souvent plusieurs fois avant de trouver un traitement efficace pour leur problème, car ils ne se sentent pas nécessairement reconnus, écoutés ou compris par les autres [6].
Le diagnostic précis des céphalées est difficile en raison de leur complexité et du manque de représentation vis-à-vis d’autres affections. Il est donc essentiel de sensibiliser davantage sur ces affections et d’améliorer la prise en charge des patients. Lorsqu’on parle de douleur, on fait souvent référence à la transmission sensitive. Cependant, il est important de noter que le cerveau lui-même n’est pas sensible à la douleur. La douleur est perçue grâce à la présence de nerfs dans les structures environnantes, les vaisseaux sanguins et les muscles [7].
Mécanismes des céphalées et des migraines
Dans le cas des céphalées, le nerf trijumeau (cinquième paire crânienne) joue un rôle essentiel dans la sensation de douleur, en particulier au niveau du visage. Ce nerf est responsable de la transmission des sensations du visage au cerveau. Il existe une interconnexion entre le nerf trijumeau et les racines cervicales, ce qui peut expliquer pourquoi certaines personnes souffrant de céphalées ressentent également des douleurs cervicales [8].
Dans le cas des céphalées, le nerf trijumeau, également connu sous le nom de cinquième paire crânienne, joue un rôle central dans la sensation de douleur, en particulier au niveau du visage. Il se divise en trois branches principales : la branche ophtalmique au niveau de l’oeil, la branche maxillaire et la branche mandibulaire. Chacune de ces branches innerve une région spécifique du visage et peut être impliquée dans la genèse de la douleur associée aux céphalées [8]. Les signaux de douleur provenant de la région cervicale peuvent être transmis aux mêmes zones du cerveau qui traitent les sensations douloureuses du visage, ce qui crée une association entre les douleurs cervicales et les céphalées [8].
Chez les sujets atteints de migraines, c’est plutôt une dysfonction neuro-vasculaire qui en serait à l’origine dans l’espace intra-crânien. Cependant, ces sujets peuvent également présenter des cervicalgies lors d’épisode de migraines. La localisation d’une céphalée ne permet pas de déterminer l’origine précise de la pathologie.
Une douleur temporale peut évoquer une pathologie intra-cranienne avec des symptômes comme une douleur pulsatile à la tempe (comme une sensation de battement dans la tête), qui s’aggrave si vous bougez, ou en présence de lumière et de bruit. Ceci n’exclut pas une origine très localisée avec par exemple, une hypersensibilisation du muscle temporal à la palpation qui peut être à l’origine des douleurs.
Rôle du noyau trigémino-caudal-cervical et diagnostic
Le noyau trigémino-caudal-cervical (NTCC) est une structure neuroanatomique située dans le tronc cérébral qui joue un rôle clé dans la modulation de la douleur associée aux céphalées. Il reçoit des projections nerveuses du nerf trijumeau ainsi que des racines cervicales et est impliqué dans le traitement et la modulation des signaux douloureux provenant de ces régions.
Le NTCC est connu pour être impliqué dans le processus de sensibilisation centrale, qui est une augmentation de la sensibilité à la douleur. Lorsque les voies de transmission de la douleur dans le NTCC sont activées de manière répétée ou prolongée, cela peut entraîner une augmentation de la sensibilité à la douleur, ce qui peut contribuer à la chronicité des céphalées et à la transformation de céphalées épisodiques en céphalées chroniques.
Comprendre le rôle du NTCC et son implication dans les mécanismes de la douleur associée aux céphalées est crucial pour le diagnostic et la prise en charge des patients. Les approches thérapeutiques ciblant le NTCC, telles que la stimulation nerveuse occipitale et les médicaments modulant les voies de la douleur, peuvent être utilisées pour soulager les céphalées et améliorer la qualité de vie des patients.
Le diagnostic précis des céphalées est complexe en raison de la nature multifactorielle de ces affections. Le nerf trijumeau joue un rôle essentiel dans la perception de la douleur, en particulier au niveau du visage, et son interconnexion avec les racines cervicales peut expliquer les douleurs cervicales associées aux céphalées. Le NTCC, situé dans le tronc cérébral, est impliqué dans le traitement des signaux douloureux et peut contribuer à la sensibilisation centrale. Une meilleure compréhension de ces mécanismes est essentielle pour améliorer la prise en charge des patients atteints de céphalées et pour développer de nouvelles approches thérapeutiques.
Classification des céphalées
La classification des céphalées est complexe et comporte plusieurs critères diagnostiques établis par La Société Internationale des Céphalées (IHS pour International Headache Society) pour décrire les différents types et sous-types de céphalées. Il existe quatorze grands types de céphalées et environ soixante-douze sous-types, notamment les céphalées de tension, les migraines et les céphalées cervico-géniques, c’est-à-dire, des céphalées qui ont pour origine une dégénérescence de la colonne cervicale. Chaque type de céphalée présente des caractéristiques spécifiques qui aident à établir un diagnostic précis [9].
Focus sur l’algie vasculaire de la face
L’algie vasculaire de la face, également connue sous le nom de céphalée du suicidaire, est un type de céphalée particulièrement intense. Cette affection est décrite comme l’une des douleurs les plus intenses qu’un individu puisse ressentir. Elle est caractérisée par des douleurs sévères et récurrentes, souvent localisées autour d’un œil, avec une durée de crise pouvant aller de 15 minutes à 3 heures. L’algie vasculaire de la face engendre un handicap important et nécessite un traitement adapté [10].
Traitement en kinésithérapie
En ce qui concerne la kinésithérapie, elle peut jouer un rôle important dans le traitement des céphalées, en particulier dans les cas de céphalées de tension et de céphalées cervico-géniques. La kinésithérapie peut inclure des techniques manuelles telles que la mobilisation articulaire, les étirements musculaires, la relaxation des tissus et la libération myofasciale. De plus, des exercices de renforcement musculaire, de posture et de correction de la biomécanique peuvent être recommandés. Il est important de consulter un kinésithérapeute qualifié pour obtenir un diagnostic précis et un traitement approprié [11].
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Conclusion
En conclusion, les céphalées et les migraines sont des affections courantes qui peuvent avoir un impact significatif sur la qualité de vie des individus. La compréhension limitée de ces affections peut entraîner des difficultés à communiquer et à obtenir un traitement approprié. Il est essentiel de sensibiliser davantage sur les céphalées et de promouvoir une meilleure compréhension de ces affections pour améliorer la prise en charge des patients. La kinésithérapie peut être une option de traitement efficace dans certains cas, mais il est important de consulter un professionnel de la santé pour obtenir un diagnostic précis et un plan de traitement approprié.
Bibliographie :
[1] Organisation mondiale de la santé. “Headache Disorders”. Consulté en mai 2023.
[2] Stovner LJ, Hagen K, Jensen R, et al. “The global burden of headache: a documentation of headache prevalence and disability worldwide.” Cephalalgia. 2007; 27(3): 193-210.
[3] Raggi A, Giovannetti AM, Quintas R, et al. “A systematic review of the psychosocial aspects of chronic recurrent headache in children.” Acta Paediatrica. 2013; 102(4): 395-402.
[4] Becker WJ. “The burden of migraine: current and emerging treatment options.” American Journal of Managed Care. 2011; 17 Suppl 8: S203-10.
[5] Steiner TJ, Birbeck GL, Jensen RH, et al. “Headache disorders are third cause of disability worldwide.” Journal of Headache and Pain. 2015; 16: 58.
[6] World Health Organization. “Atlas of headache disorders and resources in the world 2011.” Consulté en mai 2023.
[7] Rasmussen BK. “Epidemiology of headache.” Cephalalgia. 2001; 21(7): 774-777.
[8] Buzzi MG, Moskowitz MA. “The trigemino-vascular system and migraine: studies characterizing cerebrovascular and neuropeptide changes seen in humans and cats.” Annals of Neurology. 1990; 28(6): 56-68.
[9] Headache Classification Committee of the International Headache Society (IHS). “The International Classification of Headache Disorders, 3rd edition.” Cephalalgia. 2018; 38(1): 1-211.
[10] Fernández-de-Las-Peñas C, Cuadrado ML. “Physical therapy for headaches.” Cephalalgia. 2016; 36(12): 1134-1142.
[11] Page P. “Cervicogenic headaches: an evidence-led approach to clinical management.” International Journal of Sports Physical Therapy. 2011; 6(3): 254-266.
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